L’Alsace-Lorraine

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L’Alsace et la Lorraine sont deux anciennes régions historiques qui font partie du Grand Est au même titre que la Champagne-Ardenne, depuis 2016.
L’Alsace-Lorraine a connu une histoire mouvementée, déchirée entre le Saint-Empire germanique et la France. Aujourd’hui encore, cette région possède une identité culturelle particulière, témoin de son passé.
Nous vous invitons à partir à la découverte de ce territoire au riche patrimoine naturel et architectural qui séduit aussi bien les passionnés d’histoire que les randonneurs ou les gastronomes.

Un peu de géographie sur L’Aslace-Lorraine

Ancienne carte Alsace-Lorraine – ©CC0 Domaine public

L’Alsace

Blottie entre le massif vosgien à l’ouest et le Rhin qui forme une frontière naturelle entre la France et l’Allemagne à l’est, l’Alsace étonne ses visiteurs par la grande diversité de ses régions naturelles. Cette diversification de paysage entraîne également un fort contraste météorologique. L’Alsace profite en effet d’un climat de type semi-continental en plaine et dans les régions vallonnées et de type montagnard en altitude.

Les régions naturelles alsaciennes

La plaine d’Alsace

La plaine d’Alsace arrosée par l’Ill est la plus importante de ces régions. Cette longue plaine orientée nord-sud s’étend sur plus de 170 kilomètres pour une largeur moyenne de 25 kilomètres. Elle correspond à la partie sud-ouest du fossé rhénan, vaste dépression formée par une double cassure dans le massif vosgien et l’effondrement de la zone comprise entre celles-ci, il y a environ 65 millions d’années.

Protégée par les Vosges, la plaine d’Alsace profite d’un climat sec. Cet ensoleillement permet l’implantation du vignoble qui produit des vins connus dans le monde entier, essentiellement des vins blancs (gewurztraminer, riesling, pinot gris, sylvaner, …) et des crémants même s’il existe également quelques vins alsaciens rosés et rouges.

La plaine est elle-même divisée en plusieurs secteurs :

  • l’Ochsenfeld qui se traduit par le « champ des bœufs », une zone agricole abritant la forêt de Nonnenbruch ;
  • le Ried partagé entre prairies inondables et forêt galerie tempérée ;
  • la forêt de la Hardt, seconde plus vaste forêt de la région et principale charmeraie d’Europe, protégée par le réseau Natura 2000. Elle se caractérise également par ses zones de prairies de type steppique ;
  • le Kochersberg, une région particulièrement fertile ;
  • l’Outre-Forêt, une région de petites collines propice à l’agriculture.
Les Hautes-Vosges

Les Hautes-Vosges dont l’environnement est protégé par le Parc naturel régional des Ballons des Vosges comprennent quatre vallées :

  • la vallée de la Thur également appelée Val de Saint-Amarin est traversée par la Thur, une rivière prenant sa source à Wildenstein et se jetant dans l’Ill, dans la plaine d’Alsace, après un trajet de 53 kilomètres de long. Cette région est largement boisée ;
  • la vallée de la Lauch possède un riche patrimoine naturel qui lui vaut son surnom de « Florival » ;
  • la vallée de Munster se partage entre zones boisées et zones agricoles. La ville de Munster est connue pour son fromage au lait de vache et à la pâte molle à croûte lavée ;
  • la vallée de la Doller traversée par la rivière éponyme.
Les Vosges centrales

Les Vosges centrales (ou moyennes) sont constituées de trois vallées :

  • la vallée de la Bruche y compris le Ban de la Roche incluant les vallées de la Rothaine et de la Chirgoutte ;
  • cette vallée est séparée de la vallée de Villé par le massif du Champ du Feu, point culminant du Bas-Rhin très prisé par les skieurs et les randonneurs ;
  • la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines également appelée vallée de la Liepvrette, val de Lièpvre ou val d’Argent est essentiellement recouverte de forêts de conifères en altitude et de prairies au fond de la vallée. Autrefois largement exploitée par l’agriculture céréalière, le val de Lièpvre est aujourd’hui un important pôle du tourisme vert.

Les Vosges du Nord ou Basses-Vosges gréseuses faisaient partie de la région historique de la Vasgovie située à cheval sur la frontière franco-allemande et connue pour son rude climat montagnard encore renforcé par le relief accidenté de ses étroits vallons.

Le Sundgau également appelé Sud-Alsace est un pays de collines formant les premières pentes du Jura alsacien, à la limite de la Suisse. Cette région reste principalement agricole même si le secteur du tourisme est en plein développement notamment grâce à l’extension du réseau de pistes cyclables.

L’Alsace bossue correspondant aux anciens comtés de Sarrewerden et de la Petite-Pierre se situe à l’ouest du massif vosgien. Malgré son nom, cette région fait historiquement et culturellement partie de la Lorraine et ce n’est qu’à la fin du 18ème siècle qu’elle a été intégrée dans le département du Bas-Rhin.

Vergers et forêts se partagent un territoire parsemé de cours d’eau.

La Lorraine

Située à la frontière de la Belgique, de l’Allemagne et du Luxembourg, la Lorraine est la seule région de France limitrophe à trois pays.

Séparée de l’Alsace par le massif vosgien, la région lorraine se caractérise par une succession de vallées, de plateaux et de cuestas. C’est également sur son territoire que s’étend la plaine de la Woëvre parallèlement à la rive droite de la Meuse. Cette plaine est connue pour ses plans d’eau artificiels ou naturels qui font de la région une zone humide primordiale pour la biodiversité puisque plus de 200 espèces d’oiseaux y trouvent refuge.

La Lorraine est arrosée non seulement par la Meuse mais également par la Moselle ainsi que par de nombreux affluents de ces cours d’eau et par différents canaux. Cette particularité lui permet de profiter d’un important réseau fluvial totalisant 700 kilomètres navigables. Il n’est donc pas étonnant que des ports commerciaux et de plaisance se sont installés afin de dynamiser la région. Le port de Metz est par ailleurs le plus important port céréalier français.

Enfin, la Lorraine est également réputée pour la qualité de ses eaux minérales et de ses sources thermales.

La végétation de la Lorraine est luxuriante avec plus d’un tiers de son territoire recouvert par des forêts. De nombreuses exploitations agricoles et viticoles se sont par ailleurs développées sur les plateaux lorrains et sur les côtes de Moselle et de Meuse.

Un peu d’histoire sur L’Alsace Lorraine

Même si dans la mémoire de la plupart d’entre nous, l’Alsace et la Lorraine semblent indissociables, ces deux régions n’ont pas toujours eu une histoire commune.
Il est donc intéressant de les découvrir séparément.

L’Alsace

La Préhistoire

Les premières traces d’occupation humaine en Alsace remontent au Paléolithique moyen. A cette époque, la région d’Achenheim située dans le Bas-Rhin est habitée par des Néandertaliens.
L’étude des sites découverts à ce jour a permis de déterminer que ces premiers « Alsaciens » vivaient dans des abris naturels, de la chasse et de la cueillette. Ils fabriquent des outils en silex et en pierre volcanique.

Le Néolithique marque le début de l’agriculture et ce sont probablement des tribus venues de l’actuelle Suisse qui apportent cette technique en Alsace. Ce nouveau mode de vie est à l’origine de la sédentarisation et les plus anciens villages sont découverts dans les environs de Mulhouse.

Très vite, l’importance des fleuves est reconnue et nos ancêtres s’installent le long des cours d’eau qui permettent non seulement de se nourrir mais également d’établir des échanges commerciaux avec d’autres tribus. Petit à petit, les décors des poteries s’affinent tandis que l’industrie lithique cède la place au travail du cuivre et, plus tard, du bronze.

Les premières migrations

Au cours du 1er millénaire avant notre ère, on assiste à une nouvelle vague de migration. Des tribus d’origine celtique appartenant à la civilisation de Hallstatt (Autriche) se dispersent en Europe de l’Ouest, emmenant dans leurs bagages de nouvelles techniques et une culture caractérisée notamment par la fabrication d’armes en bronze et en fer et par des sépultures et rites funéraires complexifiés ce qui donne naissance à une hiérarchisation de la société.
Quelques centaines d’années plus tard, d’autres peuples issus cette fois-ci de la culture de La Tène (Suisse) prennent également le chemin de l’Europe de l’Ouest.
La plus grande partie de la France est alors occupée par des tribus d’origine celte. Ce sont ces tribus que Jules César va décrire dans son « De Bello Gallico » sous le nom de « Gaulois ».

Les Romains

Cependant, à la veille de la conquête des Gaules par les Romains, l’Alsace est occupée par les Suèves d’origine germanique qui se sont accaparés les territoires des Séquanes et des Médiomatriques.
Nous sommes en 58 avant JC lorsque Jules César arrive en Alsace et affronte Arioviste, le chef des Suèves qui a formé une coalition de peuples germaniques, dans la plaine de l’Ochsenfeld. Défait, Arioviste n’a d’autre choix que de se replier au-delà du Rhin. Seuls les Triboques dont l’origine reste incertaine mais est probablement celte cohabitent avec les légions romaines. Ils fondent différents camps le long du fleuve, dont Argentoratum, future ville de Strasbourg.

Après la victoire finale des Romains et le réaménagement du territoire de l’empire par Auguste, l’Alsace est intégrée à la province impériale Gaule belgique. La région profite largement de la Pax Romana et surtout de la construction des nombreuses voies romaines qui lui permettent de dynamiser le commerce.

A la fin du 1er siècle de notre ère, les Romains agrandissent encore leur empire et s’emparent de territoires appartenant à l’heure actuelle à l’Allemagne et à la Suisse.
La carte de l’empire est remaniée et l’Alsace forme la province de Germanie supérieure avec la Franche-Comté, une partie de la Bourgogne et les terres nouvellement conquises.
La ville de Mogontiacum (Mayence) obtient le statut de capitale.

Les invasions germaniques

Après une longue période de calme et de prospérité, la situation dégénère dans les provinces éloignées de l’empire. En effet, le pouvoir des empereurs est en fort déclin suite aux conflits et manigances qui se jouent à Rome.
Les légions sont rappelées afin d’assurer la sécurité dans la péninsule italienne ce qui laisse le champ libre aux peuples germaniques pour franchir les frontières.
Bien entendu, les Alsaciens sont aux premières loges et subissent les raids des Alamans dès le 4ème siècle. Les dernières légions sont expulsées et la région est totalement conquise en 378.

Les Alamans ne profitent pas longtemps de leur suprématie en Alsace puisque les Francs, une autre tribu germanique qui s’est installée dans le nord de la Gaule, sortent vainqueurs de la bataille de Tolbiac en 496 (ou 506 selon d’autres historiens).
Cette victoire remportée par Clovis 1er, roi des Francs saliens est, selon la tradition, à l’origine de sa conversion. En effet, voyant que la situation tournait à son désavantage, le roi aurait imploré le dieu de son épouse, la princesse burgonde Clotilde, de l’aider en échange de son baptême.
A l’issue de la bataille, Clovis tient parole et se convertit au catholicisme, un choix judicieux puisqu’il lui permet d’obtenir l’appui non seulement du clergé mais également des pays chrétiens. Ses conquêtes sont également « légitimées » puisqu’il s’agit dès lors de christianiser des contrées « hérétiques » et non plus d’annexer de nouveaux territoires purement et simplement.

Les Francs

Selon la loi franque, les biens du père sont partagés entre ses fils et non pas transmis à l’aîné. C’est ainsi que le vaste royaume de Clovis est divisé à sa mort et que l’Alsace est intégrée à l’Austrasie.
La région obtient le titre de Duché au 7ème siècle et profite d’une grande indépendance. Cependant, une partie de ses privilèges sont retirés par Pépin-le-Bref, fondateur de la dynastie carolingienne et père de Charlemagne qui va parvenir à réunifier les différents territoires francs.

Après le décès du fils de Charlemagne, Louis 1er, le royaume franc est à nouveau morcelé entre ses descendants.l faut attendre le règne de Charles III dit le Gros pour que la Francie soit réunie une nouvelle fois …. une dernière fois.
En effet, en 887, alors que les Vikings assiègent Paris, le roi négocie leur départ en leur accordant une rançon et l’autorisation de passer sur son territoire afin d’attaquer les Burgondes.
Cet accord est jugé humiliant par la noblesse qui n’hésite pas à destituer leur roi.
La Francie occidentale est confiée à Eudes, un héros du siège de Paris, tandis qu’Arnulf de Carinthie est choisi comme souverain de la Francie orientale dont fait désormais partie l’Alsace.

Le Saint-Empire germanique

La Francie orientale devient le Saint-Empire germanique sous le règne d’Otton 1er. A cette époque, l’Alsace est réunie au Duché de Souabe.
La région bénéficie économiquement de sa position géographique stratégique, à la jonction entre les Alpes et les pays rhénans. La paix revenue, l’Alsace connaît un fort développement et on assiste à la fondation ou à l’agrandissement de nombreuses villes dont Colmar ou Kaysersberg.
Cependant, la puissance du Duché de Souabe inquiète l’empereur Lothaire III qui préfère diviser le territoire. C’est ainsi que naissent en 1130 la Basse-Alsace confiée aux comtes de Hunebourg, et par la suite revendue aux évêques de Strasbourg, et la Haute-Alsace appartenant aux Comtes de Habsbourg. Les deux régions sont séparées par le Landgraben, un fossé naturel formé par les crues de l’Ill et du Rhin.

Malgré cette séparation, l’Alsace connaît toujours une prospérité propice à l’extension et à l’autonomie de ses villes.

Une dizaine d’entre elles se sont associées pour former la « Décapole », une alliance à la fois économique et militaire qui va leur garantir une grande autonomie pendant près de trois cents ans.

La France

Nous sommes au début du 17ème siècle lorsque l’Europe est déchirée par des conflits armés, une période connues sous le nom de « Guerre de Trente Ans ».
Cette guerre est particulièrement meurtrière puisqu’on estime qu’elle a fait entre 4 et 7 millions de morts.
Le conflit prend naissance le 23 mai 1618 suite à la « défenestration de Prague ». Les nobles de Bohême se révoltent contre la maison de Habsbourg lorsque l’archiduc Ferdinand de Styrie devenu leur roi décide de catholiciser le pays alors que les hussites prônant un retour à la spiritualité et à la pauvreté de l’Église sont majoritaires. La révolte gronde et deux des gouverneurs, Slavata et Martinic, sont jetés par la fenêtre. Ils sont simplement blessés mais cet incident interdit toute réconciliation.
Ce conflit à l’origine régional est pris comme prétexte par les grandes puissances européennes qui cherchent avant tout à diminuer le pouvoir des nations germaniques dont le Saint-Empire et de leurs alliés.
On distingue par ailleurs le conflit religieux entre protestants et catholiques et le conflit politique qui va déboucher sur la victoire de l’absolutisme sur le féodalisme.

En 1648, les Traités de Westphalie qui vont totalement remodeler la carte de l’Europe profitent aux Provinces-Unies devenues indépendantes, à la Suède qui reçoit la Poméranie occidentale, Brême et Verden mais également à la France qui annexe les Trois-Evêchés, à savoir Metz, Toul et Verdun, la Haute-Alsace, la Décapole ainsi que Brisach, en Allemagne et Pignerol, dans le Piémont. Seule la ville de Mulhouse devenue République ne sera intégrée à la France que bien plus tard, en 1798.

La situation reste cependant délicate et les villes alsaciennes qui ont un fort passé indépendant ne se soumettent pas réellement à l’autorité du roi. De plus, le protestantisme reste largement majoritaire.
C’est pour cette raison que Louis XIV institue le « Conseil souverain d’Alsace » en 1657. Il entend ainsi obliger la noblesse et le clergé à lui prêter serment et à justifier leur foi catholique.
Afin de briser toute velléité d’indépendance de l’Alsace, le français devient la langue administrative officielle tandis que les charges et fonctions importantes sont réservées aux catholiques.

La Révolution

En 1789, la Révolution marque la fin de l’Ancien Régime et l’Alsace profite de l’occasion pour s’en prendre à cette noblesse qui l’a soumise. Toute la région se soulève tandis que les biens de l’Église sont saisis et que l’ensemble des anciens privilèges sont supprimés. L’Alsace est désormais partagée en deux départements, le Haut-Rhin dont la préfecture est Colmar et le Bas-Rhin dont la préfecture est Strasbourg.

Le 19ème siècle

Au début du 19ème siècle, Napoléon Bonaparte sacré empereur depuis 1804 connaît une série de victoires contre la Russie et l’Autriche. A l’issue de sa victoire à Austerlitz et la dissolution du Saint-Empire germanique, il fonde la « Confédération du Rhin », une alliance militaire regroupant 35 états allemands. L’Alsace en profite pour agrandir son territoire.
L’empereur espère ainsi compter sur une armée conséquente et opposer un blocus continental fort face à l’Angleterre.
La désastreuse campagne de Russie de 1813 marque la fin de ce rêve et plusieurs états de la confédération se retournent contre Napoléon. En mai 1814, les États allemands sont déclarés indépendants et, l’année suivante, la carte est une nouvelle fois redessinée.
L’Alsace redevient une zone tampon qui ne résistera pas longtemps à la pression de l’armée russe après la défaite de Waterloo.

L’histoire se répète lorsque le royaume de Prusse et la France entrent en guerre en 1870. Victorieux, le chancelier prussien Otto von Bismarck et les dignitaires des différents états de la confédération de l’Allemagne du Nord proclament, en février 1871, l’Empire allemand dans la galerie des Glaces du château de Versailles, lieu hautement symbolique puisque ce monument a longtemps représenté la puissance de la France.
Selon les traités de paix, la France doit non seulement payer des indemnités de guerre à l’Allemagne et accepter l’occupation d’une partie du pays mais également céder l’Alsace (excepté l’arrondissement de Belfort) et une partie de la Lorraine, soit au total près de 14.500 km².

Le 20ème siècle

Dorénavant, l’Alsace-Lorraine (ou Alsace-Moselle) devenue le « Reichsland Elsaß-Lothringen » est directement gouvernée par l’Empereur allemand qui mène une stricte politique de germanisation dans ce territoire ce qui provoque des remous au sein de la population. Une importante vague de migration s’opère alors, les Alsaciens et les Lorrains ayant la possibilité de rester Français s’ils rentrent en France avant octobre 1872. Parallèlement, de nombreux Allemands s’installent dans le Land ce qui modifie totalement la population puisque les germanophones se retrouvent majoritaires dans certaines villes, notamment à Metz. Paradoxalement, cette situation ne favorise pas la germanisation de l’Alsace-Lorraine et ce sont les nouveaux-venus qui adoptent bien souvent la culture française.

A la veille de la Première guerre mondiale, l’empereur Guillaume II inquiet de l’animosité grandissante des Alsaciens à son encontre pense qu’il serait préférable d’octroyer ce territoire à la Prusse et à la Bavière ou de lui octroyer le statut d’État fédéral.
Ces propositions engendrent de nombreuses polémiques et la question n’est pas encore tranchée lorsque le conflit éclate.
Pendant quatre ans, les habitants de l’Alsace-Lorraine subissent des mauvais traitements et des brimades autant de l’Allemagne que de la France, les deux pays redoutant qu’ils prennent parti pour leur adversaire.
Après la défaite de l’Allemagne et la signature du Traité de Versailles du 28 juin 1919, la Moselle et les départements alsaciens du Haut-Rhin et du Bas-Rhin sont rendus à la France. Les migrants qui avaient fui leur région en 1871 rentrent chez eux tandis que les Allemands installés en Alsace-Lorraine sont invités à quitter le territoire.

Durant la Seconde guerre mondiale, l’Alsace-Lorraine est occupée par les Allemands à l’instar des autres régions françaises. Malgré la signature de l’armistice du 22 juin 1940 qui autorise l’occupation du nord de la France par les troupes du Troisième Reich sans pour autant modifier les frontières, l’Allemagne annexe l’Alsace et la Moselle et incorpore de force les hommes dans l’armée nazie. Cette annexion illégitime est abolie après la Libération par les alliés.

Si ces départements redeviennent français, le régime concordataire est maintenu en Alsace-Moselle. En conséquence, les cultes catholique, réformé, luthérien et israélite sont reconnus tandis que les ministres de ces cultes sont rémunérés par l’État Ce régime est toujours en vigueur même s’il est régulièrement sujet à débat.
De même, l’Alsace et la Moselle sont soumises à un droit local issu à la fois du droit napoléonien et des lois et mesures allemandes entrées en vigueur entre 1871 et 1919.
Ces dispositions concernent notamment les soins de santé, le code des professions, l’organisation de la justice, les jours fériés, …

La Lorraine

La Lorraine est occupée dès le Paléolithique inférieur, soit un peu avant l’Alsace. En effet, des traces d’industrie lithique appartenant à l’Acheuléen ont été retrouvées sur les bords de la Moselle, témoins de la présence de l’Homo erectus en ces lieux.
Ces premiers habitants cèdent ensuite la place aux Néandertaliens et la préhistoire lorraine est similaire à l’alsacienne.

Les Romains

Lorsque Jules César atteint la Lorraine en 58 avant JC, la région est habitée par les Leuques et les Médiomatriques.
Si ces derniers rejoignent la coalition gauloise, les Leuques ne s’impliquent pas dans le conflit ce qui explique qu’ils sont exemptés d’impôt après la défaite de Vercingétorix en 52 avant JC. Intégrée dans la province impériale de la Gaule belgique, la Lorraine connaît une longue période de prospérité. Les cités de Trèves, Metz et Toul profitent notamment de l’infrastructure routière pour dynamiser le commerce du sel.

Les peuples germaniques

Cet âge d’or prend fin avec les raids et invasions germaniques qui débutent dès la fin du 3ème siècle et se terminent plus de deux siècles plus tard avec l’annexion de la région par Clovis, roi des Francs saliens. Le royaume de Metz qui deviendra l’Austrasie échoit à son fils Thierry.

L’intégration dans le royaume franc profite énormément à la Lorraine d’autant plus que les rois carolingiens choisissent d’établir l’une de leurs résidences à Thionville. Économiquement prospère et centre culturel influent, la Lorraine traverse les siècles sans gros problème malgré les partages successifs de la Francie, au fil des successions.

Le Saint-Empire germanique

Nous sommes au 9ème siècle et la Francie est réunie sous le règne de Charles III le Gros lorsque celui-ci doit faire face non seulement à une crise financière mais également aux invasions des Vikings qui sont aux portes de Paris. Il entame alors des négociations et fait des mauvais choix ce qui entraîne sa destitution et surtout le partage définitif de la Francie.
La Lotharingie est intégrée à la Francie orientale et est élevée au rang de Duché sous le règne d’Otton 1er, fondateur du Saint-Empire germanique.
En 959, la Lotharingie est divisée en deux, la Haute-Lotharingie ou Duché de Lorraine et la Basse-Lotharingie.

La Lorraine est alors dirigée par les évêques ce qui explique le nombre important d’abbayes et d’établissements hospitaliers qui fleurissent sur ses terres.
La noblesse et la bourgeoisie profitent cependant des conflits qui opposent l’empereur et le pape pour se révolter contre les évêques qui perdent une grande partie de leurs possessions. C’est ainsi que la ville de Metz dont l’évêque a été chassé obtient le statut de ville libre du Saint-Empire en 1231, ce qui lui permet de profiter pleinement du commerce notamment avec les pays rhénans.

Malheureusement, cette opulence prend fin lorsque les banquiers et les commerçants italiens supplantent les Lorrains qui connaissent dès lors une période de famine et de révoltes.
Parallèlement, la ville de Metz est convoitée par différentes maisons ce qui provoque la ruine de toute la région.

La situation empire encore lorsque les Bourguignons souhaitent annexer la Lorraine qui est une enclave au milieu de leurs possessions. Les épidémies et les périodes de famine ne l’épargnent pas au 16ème siècle.

En 1542, le Duché de Lorraine est cependant reconnu comme un « État libre et non incorporable » mais ce statut n’est guère respecté et, dix ans plus tard, le roi de France Henri II s’empare des « Trois-Évêchés» (Metz, Toul et Verdun) avec l’appui des princes allemands qui entendent ainsi s’opposer à Charles-Quint.

Après une nouvelle période de troubles marquée par la guerre opposant la France à l’Empire germanique (Guerre de Trente Ans), les Trois- Évêchés sont intégrés à la France en 1648.
Moins de cinquante ans plus tard, la Lorraine est restituée au duc de Lorraine et de Bar Léopold 1er, officier de l’armée impériale, au terme de la guerre de la Ligue d’Augsbourg entre l’Empire germanique et la France.

La France

La Lorraine profite une nouvelle fois de la paix pour s’enrichir notamment grâce à l’implantation de nombreuses industries et à son agriculture.
La France convoite cette contrée prospère et parvient à l’échanger contre la Toscane. C’est ainsi que les duchés de Lorraine et de Bar sont donnés en viager à Stanislas Leszcynski, beau-père de Louis XV. La Lorraine est ensuite intégrée à la France et est gérée par le « grand-gouvernement de Lorraine et Barrois ».

Après la Révolution, la région est partagée en quatre départements mais n’est que très peu affectée par les émeutes et est épargnée par la « Terreur ».

L’histoire de la Lorraine et plus particulièrement de la Moselle rejoint celle de l’Alsace à partir de 1870.

Le tourisme

L’Alsace et la Lorraine attirent chaque année de nombreux touristes qui apprécient autant son environnement naturel que son patrimoine historique.
L’Alsace est certainement la région la plus visitée du Grand Est et cela tout au long de l’année. En effet, les marchés de Noël mais également les pistes de ski cèdent la place aux randonnées à pied ou à vélo durant la belle saison.
Les petits villages essaimés le long de la route des vins séduisent par leur décor romantique et le charme de leurs rues aux façades fleuries.
De Riquewihr à Kaysersberg en passant par Eguisheim ou Ribeauvillé, les étapes de charme ne manquent pas pour découvrir la région et ses vignobles. Les abbayes dont le Mont-Sainte-Odile ainsi que les châteaux et notamment celui du Haut-Kœnigsbourg sont des sites incontournables pour découvrir les nombreux témoins d’une région au passé mouvementé.

Les villes de Metz, Nancy, Colmar et Strasbourg offrent également de nombreuses possibilités à leurs visiteurs en quête de musées et de monuments. Il ne faut pas hésiter à se perdre dans les quartiers historiques afin de découvrir quelques beaux exemples de façades à colombages comme celles de la Maison Kammerzell et de la Maison des Tanneurs de Strasbourg.

Et pour se reposer entre deux visites, quoi de mieux qu’une remise en forme dans les installations thermales de Bains-les-Bains ou dans une station du massif des Vosges.

La gastronomie

L’Alsace-Lorraine est une terre d’accueil et bien entendu la gastronomie est au programme de tous les séjours dans cette région.
On ne présente plus les vignobles qui sont à l’origine de la création de la plus ancienne « route des vins » de France, en 1953. De Marlenheim, dans le Bas-Rhin à Thann dans le Haut-Rhin, cette route traverse de nombreuses localités et permettent de découvrir pas moins de trois cents domaines viticoles produisant notamment 49 grands crus, une invitation à déguster les vins blancs et crémants mais également quelques vins rouges et rosés alsaciens.
Le vin n’est cependant pas la seule boisson alsacienne puisque la région produit la grande majorité des bières françaises ainsi que des eaux-de-vie traditionnels et le célèbre marc de gewurztraminer.
N’oublions pas que la Lorraine produit également des vins savoureux comme le vin gris de Toul et des vins de Moselle et des Côtes-de-Meuse à découvrir par exemple avec une assiette de charcuterie régionale ou un pâté lorrain.
La Lorraine propose également des fromages de renom comme le Munster, le Brie de Meaux ou encore le Carré de l’Est.

Si l’Alsace est célèbre pour ses choucroutes, ses flammekueches, ses baeckeoffes, ses kouglofs et sa cuisine au Riesling, la Lorraine est particulièrement fière de son pâté et de sa quiche, des plats incontournables de la gastronomie française.

Folklore

L’Alsace est attachée à ses traditions et à son folklore et il n’est pas rare de rencontrer des Alsaciens portant fièrement le costume traditionnel pour une fête de village ou un mariage.
Bien entendu, la période de Noël est certainement la plus importante puisque chaque village organise son propre marché, ses spectacles et ses concerts. Cette tradition remonte au 14ème siècle, lorsque les marchés de Noël s’appelaient encore les « marchés de Saint-Nicolas ».
Sapins, boules et bûches de Noël sont tous issus des anciennes traditions alsaciennes.

Au printemps et en automne, les transhumances donnent l’occasion aux villageois d’organiser des fêtes en l’honneur des bergers qui accompagnent les bêtes vers les pâturages ou qui les ramènent à l’arrivée de la mauvaise saison. La fête de la transhumance de Muhlbach-sur-Munster attire chaque année de nombreux touristes.

La Lorraine n’est pas avare en traditions et ses carnavals sont connus bien au-delà de nos frontières. Si les carnavals de Metz, Nancy et Sarreguemines sont les plus connus, il est intéressant de découvrir quelques défilés, cavalcades et bals populaires donnés à la sortie de l’hiver par de petits villages.

Quelques mois plus tard, le 24 juin, les feux de la Saint-Jean illuminent le ciel dans de nombreuses localités lorraines et notamment à Sierck-les-Bains. Ces fêtes qui célèbrent aujourd’hui la naissance de Jean-Baptiste sont de lointaines réminiscences des fêtes païennes dédiées au soleil.

Enfin, tous les enfants sages …. et même un peu moins sages …. de Lorraine attendent la venue de Saint-Nicolas dans la nuit du 5 au 6 décembre. Le patron de la Lorraine et des écoliers passe en effet de maison en maison pour déposer friandises et jouets dans les petites chaussures rangées devant la cheminée.